Laurent Vastel organise une séance d’exorcisme aux Blagis
La presse nationale a largement relayé l’affaire de l’immeuble « hanté » de Fontenay-aux-Roses. Plusieurs habitants de cet immeuble y faisaient part de leur mal-être, percevant une « présence », entendant des bruits dans un appartement vide ou voyant des fantômes. Et plusieurs d’entre eux ont donc demandé un relogement d’urgence.
Dans son édition du 11 octobre, le journal Le Parisien annonce qu’une séance d’exorcisme sera pratiquée dans les parties communes de l’immeuble, par un imam et un prêtre !
Extrait : “Le maire a fait appel à un imam et un prêtre qui devraient prochainement effectuer un rituel d’exorcisme dans les parties communes.” Ces officiants sont très occupés mais nous avons obtenu une réponse favorable de leur part, ils vont venir », confirme Laurent Vastel, maire (UDI) de Fontenay-aux-Roses. »
Nous sommes surpris de voir le maire organiser lui-même cette pratique, en faisant appel à des représentants religieux. Laurent Vastel, maire, fait donc appel à des pratiques qui relèvent de la sphère privée… Et pour cela, il en appelle à des représentants religieux, loin du principe républicain de laïcité et de neutralité de l’Etat et des collectivités territoriales.
Les rites d’exorcisme ne posent évidemment pas de problème s’ils sont consécutifs d’une démarche privée, mais contreviennent au principe de laïcité qui impose la neutralité de l’Etat et s’applique aux agents publics, aux élus et aux bailleurs sociaux.
Cet immeuble se trouve dans le quartier des Blagis, qui concentre un certain nombre de logements dégradés et en voie de destruction. Beaucoup d’habitants du quartier s’y sentent mal considérés et sont inquiets pour l’avenir de leur logement. L’inquiétude des habitants mérite mieux qu’une séance d’exorcisme. Elle devrait plutôt mobiliser l’ensemble des élus pour que, devant le sentiment d’abandon de plusieurs habitants de ce quartier, le bailleur prenne les mesures qui s’imposent pour améliorer la situation des habitants.
Astrid Brobecker et Maxime Messier
Conseillers municipaux
5 RÉPONSES
C’est de la discrimination : pas de de pasteur ou de moine bouddhiste?
Chers amis,
Les remarques d’Astrid et Maxime me surprennent par leur bienveillance… Privée ou publique, la pratique de l’exorcisme n’a pas grand-chose à voir avec la laïcité; elle relève d’un obscurantisme “bolsonarien” et évangélique. Si l’exorcisme aux Blagis est organisé avec la bénédiction de Monsieur Vastel, l’affaire me parait extrêmement grave..
Bonjour Guy
Oui, la pratique de l’exorcisme relève de la science occulte. En l’organisant, Laurent Vastel y donne du crédit !
Je partage totalement les points repris dans l’article de Mme Brobecker et M. Messier sur ce rituel d’exorcisme orchestré par le maire (cf. aussi mes articles dans le Blog «Ateliers Fontenaisiens »).
Je suis par ailleurs extrêmement choqué de constater que les habitants de ce quartier de Fontenay-aux-Roses sont « menés en bateau » par le maire et son équipe depuis 8 ans : promesses d’un avenir radieux, conditions de relogement pendant la phase de travaux, renforcement du gardiennage, amélioration de la maintenance des logements et des parties communes…
A ce stade, aucune promesse n’a été tenue.
Les lecteurs de ce blog pourraient être tentés de me rétorquer que les derniers engagements relèvent de la responsabilité du bailleur social Hauts de Seine Habitat. C’est exact, mais :
– Hauts de Seine Habitat est le bailleur public du département des Hauts de Seine et L. Vastel a été conseiller départemental fantôme pendant 6 ans. Ne pouvait il pas en tant que maire et conseiller départemental (heureusement battu en 2021) demander au bailleur de le faire ?
– Hauts de Seine habitat est le grand bénéficiaire de la restructuration urbaine de ce quartier car il vend une partie de son foncier des promoteurs immobiliers qui le lui achètent à prix d’or. Tout ceci étant possible grâce à la densification supplémentaire autorisée dans ce quartier grâce au PLU du même Laurent Vastel. En contrepartie de cette évolution, n’aurait il pas pu demander des engagements précis au bailleur et un suivi régulier du respect de ces engagements ? Si le maire de Fontenay-aux-Roses ne l’a pas fait, ce n’est pas parce que il aurait oublié car il l’impose régulièrement, à juste titre, à d’autres partenaires de la vile. S’il ne l’a pas fait, c’est qu’au fond de lui, le sort des locataires du quartier des Paradis, qui dans leur immense majorité ne votent pas, il ne s’y intéresse pas sauf en période électorale pour y glaner quelques voix.
Gilles Mergy
Je découvre cet article avec stupéfaction: un fantôme dans un immeuble somme toute récent à Fontenay! La chose n’est pas banale !!! Quoique … Des personnes bien informées de ces choses auxquelles je faisais part de mon étonnement m’ont affirmé que des constructions récentes soient hantées n’était pas si exceptionnel. Il n’empêche, je persiste à croire que ce malheureux fantôme s’est trompé d’adresse. C’est dommage : imaginez la manne touristique et la célébrité de la ville si l’un de ses châteaux était réputé hanté !
Curieuse réaction de la mairie cependant. Même en donnant foi à l’existence de ce fantôme au genre indéterminé, pourquoi faire appel à un exorciste ? Les fantômes, (s’ils existent !) n’ont que je sache rien de diabolique, en général. Au pire, ce sont des âmes en peine pas toujours coupables de graves forfaits à expier. Ils sont souvent des victimes pas nécessairement animés de désirs de vengeance ou des amoureux inconsolés (ou des amoureuses, ne pas les oublier!) … Je me demande si Monsieur Vastel et ses amis ont lu beaucoup d’histoires de fantômes !
La lecture de cet article m’a conduit aussi à me poser des questions qui m’ont rendu perplexe :
Faire appel à un sorcier pour lever un sort, est-ce du domaine du privé ?
Même question pour une voyante à laquelle la police pourrait recourir pour retrouver un cadavre ou l’arme d’un crime ?
A un sourcier auquel on demande où creuser un puits ?
A un coupeur de feu auquel on a recours pour soulager les douleurs liées à la chimiothérapie (cela se pratiquerait dans certains hôpitaux) …
Si je suis la logique de l’article,dans la mesure où ni le recours à la voyante, au sourcier ou au coupeur de feu ne font pas, directement au moins, référence à une croyance religieuse, il n’y aurait pas confusion des sphères. Si croyances( et non science) il y a, elles ne sont pas religieuses …
Le cas du sorcier et du sort est nettement plus problématique : s’y mêlent des questions culturelles et cultuelles. J’avoue ne pas savoir : les exorcistes me semblent avoir bien des ressemblances avec les sorciers mais ils refuseraient avec virulence d’être considérés comme tels.
Faut-il voir le sorcier ou la sorcière comme de simples manipulateurs de sorts et de potions ou comme des individus ayant conclu “un pacte avec le Satan” comme ce fut longtemps le cas dans la civilisation occidentale ? Question purement académique car je vois mal une collectivité faire appel à un sorcier ou une sorcière patenté ! Mais, après tout, pourquoi pas… puisqu’un maire, professeur agrégé de médecine, a eu recours à des exorcistes ?
JF Dumas