Surfer sur la vague verte à Fontenay
Le changement climatique, la transition écologique ou énergétique sont des expressions que l’on entend de plus en plus souvent. S’agit-il d’une préoccupation nouvelle qui s’inscrit dans une histoire de modes successives qui passent ou s’agit-il d’autre chose ? Le résultat des élections européennes est-il l’expression d’un engouement passager et surfer sur la vague verte sera-t-il suffisant pour répondre aux attentes des Fontenaisiens ?
Ceux qui me connaissent savent que je suis habitée par ces sujets qui sont maintenant le cœur de ma vie professionnelle et ils me questionnent. J’ai eu envie de partager quelques réflexions ici.
Il est difficile aujourd’hui de ne pas savoir que l’espèce humaine est à l’origine de dégâts très importants portés à cette planète terre qui nous accueille. Petit à petit nous prenons conscience que cela nous met en danger. Peut-être pas un danger immédiat sous nos latitudes mais des épisodes météorologiques et des rapports scientifiques nous rappellent régulièrement que nous ne serons pas épargnés.
Cette prise de conscience est douloureuse parce qu’elle ne nous donne pas les clés de la ou des solutions qui devraient être mises en œuvre pour résoudre les problèmes soulevés et tranquilliser notre esprit. Pire, si on s’informe, on trouve vite des arguments qui démontrent que telle ou telle solution ne suffira pas, voire ne sert à rien ou aggrave la situation.
Dans tous les cercles, famille, amis, voisins, collègues… c’est une inquiétude que je perçois et un sentiment d’impuissance. La tentation est grande de nous éloigner de ces informations alarmantes et de devenir des « à-quoi-bonistes ». Le vote écologiste aux élections européennes est pour moi l’expression de cette inquiétude qui traverse notre société et l’espoir que des hommes et des femmes, élu.e.s, soient en mesure de penser la transition que nous devons mener, qu’ils démontrent qu’il est possible d’agir, que nous ne sommes pas totalement impuissants.
Il faut en effet sortir d’un système qui dégrade notre environnement, l’eau, l’air, les sols, les océans… avec du Co2, des particules plus ou moins fines, des plastiques, etc. et toutes les conséquences qui en découlent, dignes de la pire des dystopies si on ne fait rien. Il y a urgence à nous mettre en chemin pour sortir du bourbier dans lequel nous sommes.Faire évoluer notre quotidien, notre façon de consommer, de nous déplacer, etc. et transformer notre ville pour qu’en 2050nous puissions y vivre bien. Ça ne suffira pas bien sûr mais nous ne pouvons pas nous soustraire à la nécessité de transformer ce qui est à notre échelle.
Pour cela, nous devons penser la transition. Comment impulser un changement de trajectoire du mode de développement à l’échelle d’une ville ou d’un territoire ? Comment tenir la distance alors que le voyage promet d’être long ? Nous avons pour nous y aider desenseignements tirés de l’expérience de quelques villes pilotes. Le premier qui a retenu mon attention est que les réponses territorialisées sont diverses mais que les trajectoires présentent des points communs. L’un d’entre eux est la coopération entre acteurs : « La coopération est devenue une réalité au quotidien dans les actions construites et pilotées en mode projet. (…) L’engagement des habitants doit aller au-delà de la participation, il doit relever de la coopération. »
Le second point commun qui a retenu mon attention est le changement de regard qui a été opéré : « Le développement durable crée une prise de conscience des relations qui existent entre les dimensions économique, sociale, environnementale et l’enjeu démocratique. Au quotidien, se développe chez les acteurs engagés un élargissement du regard porté sur chaque sujet, chaque initiative, qui permet d’agir en tissant des liens entre des dimensions auparavant non reliées. »
Les prochaines élections municipales vont décider de notre capacité à entamer ces transformations au niveau de notre ville. Ces élections seront aussi celles de Vallée Sud Grand Paris qui a des compétences centrales dans cette affaire.
Les hommes et les femmes qui se préparent pour ces élections ont-ils pris conscience du danger et des enjeux que nous devons relever, ont-ils compris la nécessité de remettre en cause ce qui a été fait jusqu’ici et qui nous mène dans le mur, sur le fond et dans la méthode ?
Les politiques ne sont pas les seuls à devoir s’impliquer, tous les citoyens sont concernés et nous devrions être nombreux à participer aux débats qui ont commencé et qui devront se multiplier dans les mois à venir. Il y a tant de questions à mettre en débat et tant à faire.
Dominique Dupuis
3 RÉPONSES
Je suis complètement d’accord avec cet article. Les enjeux devant nous sont colossaux et les réponses actuelles ne suffiront pas. Toutes les politiques publiques menées au niveau local et intercommunal doivent prendre en compte les impératifs d’un changement de modèle. Et pour réussir il faudra co/construire avec les habitants particulièrement les plus modestes et s’appuyer sur la jeunesse très sensibles à l’impératif environnemental. Alors oui tous les candidats vont se verdir autant qu’ils peuvent. Mais ceux qui gagneront les suffrages sont ceux dont la démarche sera la plus approfondie, la plus innovante, la plus co-construite. C’est la condition de la sincérité. Les travaux des ateliers fontenaisiens le 26 juin prochain seront l’occasion d’aller dans ce sens.
Un petit peu de mal à saisir si vous soutenez ou non qu’une prise de conscience s’est opérée sur le développement durable. S’agit-il en l’espèce de la transition vers le développement durable ou depuis celui ci.
Soutenez vous, tous les deux, que le DD serait la solution à mettre en place d’ici 2050 pour répondre à la crise climatique qui nous saisit. Est-on réellement en 2019 ?
Ne pas renier purement et simplement le “développement durable” pour penser en terme d'”écologie” montre simplement aux citoyens que vous mettez un veste verte. Nous ne sommes pas dupes. Vous venez sans doute de la retourner. L’écologie vous échappe, sa philosophie vous échappe, son histoire politique vous est inconnue.
C’est dommage. Il n’est jamais trop tard pour s’y convertir. Les convictions écologiques sont pourtant relativement présentes dans votre texte. Ces ambiguïtés posent problèmes. Élevons ensemble le débat : cessons de vendre le développement durable.
J’avoue n’avoir pas d’abord compris votre commentaire parce que je pensais ne pas avoir parlé de développement durable. Mais vous avez raison il apparait une fois, dans une citation issue de travaux de recherche dont la source n’a pas été reprise dans l’article, pour des raisons techniques je suppose. Je profite donc de ce commentaire pour la préciser; il s’agit du référentiel de l’atelier « Villes pairs et territoires pilotes de la transition » organisé par le laboratoire Atemis.
Cette citation est intéressante, de mon point de vue, parce qu’elle illustre le caractère systémique des actions menées sur ces territoires. Il n’est pas question ici du développement durable défini comme l’intersection et finalement le plus petit dénominateur commun des trois sphères économique, sociale et environnementale. Mon propos était plutôt de parler de transition vers un futur dont nous devons nous réapproprier la construction.