Campagne législative dans la XIIe circonscription, vous avez dit campagne ?
On a l’impression que la campagne pour ces législatives n’a jamais vraiment démarré, dans la XIIe circonscription des Hauts-de-Seine comme ailleurs. De nombreux débats de société sont totalement escamotés, comme ceux sur la dépendance, le sort des handicapés, la culture, l’évolution de nos institutions (scrutin proportionnel, référendum d’initiative citoyenne, remodelage du mille-feuille des collectivités locales…). On trouve peu d’affiches, même sur les panneaux électoraux, on ne reçoit plus aucune profession de foi par la poste.
Je vote depuis 43 ans. Mais pour la première fois pour des législatives, je mettrai un bulletin blanc dans l’urne. Cela ne m’intéresse pas. J’ai l’impression que cela ne sert à rien, que l’on n’a pas prise sur les choses, que toutes les décisions sont prises à l’écart des citoyens. Exemple : la délirante dilution des pouvoirs.en Ile-de-France. On y compte au moins six niveaux de décision : la commune, la communauté de communes (territoire), le Grand Paris, le département, la région, l’Etat. Comment les citoyens peuvent-ils s’y retrouver au milieu de ce mille-feuilles ? Personne ne sait plus qui fait quoi !
Pourtant, avec 12 candidats sur notre circonscription, ce n’est pas l’« offre » politique (comme on dit) qui manque …
Le député sortant, Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, est un homme incontestablement brillant. On l’entend d’ailleurs beaucoup dans les médias. Mais au cours des cinq années écoulées, on ne l’a que très rarement vu dans la circonscription. Il ne répond pas forcément aux messages qu’on lui envoie. Ce n’est sans doute pas un hasard si, le 23 mai, il expliquait dans Le Parisien (https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/legislatives-dans-les-hauts-de-seine-jean-louis-bourlanges-joue-les-prolongations-dans-la-12e-circonscription-23-05-2022-LBJTZIEDJFGYXP2QXE2TDCGWBQ.php) que « la mission d’un député n’est pas de faire le travail d’un conseiller départemental mais de voter les lois, le budget et de contrôler le gouvernement et de l’administration. » Le rôle d’un parlementaire est effectivement de voter les lois. M. Bourlanges oublie que pour ce faire, il est le représentant de ses électeurs. Pour recueillir leurs avis, il doit donc, de temps à autre, évoluer parmi eux…
Autre élément qui m’inquiète : dans l’un de ses tracts, le parlementaire se disait favorable à une « numérisation assumée ». « Assumée », vraiment ? Il devrait lire les enquêtes montrant que la numérisation à marche forcée des services publics entraîne, notamment chez les usagers précaires et démunies, “une montée de l’agressivité” liée entre autres “à l’absence d’interlocuteurs à même d’entendre leurs difficultés” (https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/13/un-barometre-social-constate-une-crispation-croissante-face-a-la-numerisation-des-services-publics_6125981_3224.html)…
A droite, on trouve deux concurrents dans une lutte fratricide : Benoît Blot, maire adjoint du Plessis-Robinson (LR), et Laurent Vastel, maire de Fontenay-aux-Roses (UDI). Dans ses tracts, le premier met en avant son « expérience du terrain » et semble très proche d’Eric Ciotti : beaucoup de promesses sur « l’autorité », « la sécurité », « l’indépendance », aucune sur l’Europe. M. Vastel mise lui aussi sur le local. Il nous propose « une autre façon d’exercer le mandat de député, basée sur une démocratie en temps réel » (sic), en « s’appuyant sur la réalisation de consultations locales ». Comme maire, pourquoi n’a-t-il pas mis ces propos en pratique, par exemple pour sa politique immobilière ou celle vis-à-vis des circulations douces ?
A gauche, la NUPES a sa candidate, Cathy Thomas, issue d’un parti écologique, REV (Révolution écologique pour le vivant), alors que la circonscription avait encore, il y a 5 ans, un député socialiste…. La NUPES aurait octroyé à REV quelque six circonscriptions
(https://www.ladepeche.fr/2022/05/12/legislatives-quatre-choses-a-savoir-sur-la-rev-le-parti-daymeric-caron-allie-a-la-nupes-10290523.php)
Dans ses tracts, Mme Thomas met en avant, logiquement, les propositions du regroupement des formations de gauche. Mais elle n’évoque pas ce que propose son propre parti. Pourtant, la lecture du programme (https://rev-parti.fr/wp-content/uploads/2018/05/REV_charte_vFinale.pdf) de ce dernier est très instructive. Entre autres propositions, ledit programme explique que l’objectif de REV « est la fin de l’exploitation animale sous toutes ses formes et donc la fin des élevages et de la consommation de viande » . Il demande aussi une « réduction forfaitaire d’impôts pour les végans, idéologiquement opposés à l’exploitation animale » ; « la fermeture des zoos » ; « la fin des radars automatiques sur les routes » ; la disparition du Sénat, au profit d’une « Assemblée naturelle » dont le but serait de « représenter les intérêts des animaux non humains, des végétaux, des fleuves et des mers, ainsi que les intérêts actuels et futurs des humains ».
Autant de choses à savoir avant de voter…
Laurent Ribadeau Dumas
4 RÉPONSES
“La NUPES aurait octroyé à REV quelque six circonscriptions” non gagnables, j’espère ! La 12 étant sans doute considérée comme telle. De toute façon, avec une végane et les propositions délirantes de son parti….
Attention, Pècheurs, Chasseurs, Abstentionnistes, Votes nuls ou blanc dimanche prochain, si vous êtes trop nombreux, les resultats risquent d’être très inattendus.
Jean de la Fontaine vous a prévenus: si vous voulez un roi, mieux vaut voter pour un soliveau inoffensif que pour une grue qui vous croquera (Les grenouilles qui demandent un roi)
Monsieur Ribadeau Dumas, pour notre amusement, déclare vouloir voter pour monsieur Blanc, faute d’avoir trouvé de réponse sur trois points de politique générale – dépendance, institutions et culture. Et il adresse des reproches à trois candidats de droite : monsieur Bourlanges (celui qui, lors d’une récente émission télévisée, a eu ce mot si cruel à l’égard des immigrés “Mais que peut-on faire ? Comment renvoyer des gens qui viennent de nulle part”), Monsieur Blot (celui qui envoie des lettres aux électeurs dont le contenu se résume à : je vote Macron, mais je ne veux pas être aux ordres, et , enfin, Monsieur Vastel dont l’accroche de son dernier tract suscite le sourire :”Je suis votre maire depuis 8 ans, vous me connaissez…” Justement !
LRD égratigne à peine madame Thomas et évite de parler des autres candidats. Pourtant le parti pirate de monsieur Samiez vaut de l’or : Il écrit “ne votez pas pour moi, votez pour des prunes”.
Pour ma part, j’ai repéré une personnalité digne d’intérêt et je vais vous en dire un mot pour compléter l’excellent exposé de Laurent Ribadeau Dumas
Florent Noblet, jeune fontenaisien au patriotisme très pur, se présente à nous dans l’esprit du programme d’Eric Zemmour (vous vous souvenez, le diable ! ou pire encore) que l’on retrouve encore à l’adresse “parti-reconquete.fr”. Eh bien, sur les trois points de la dépendance, des institutions et de la culture, on y trouve des développements nombreux, précis et français. Il y a de quoi faire et vous avez désormais, avec FLORENT NOBLET, quelqu’un de Fontenay à qui parler.
Monsieur Brunel
Non, merci, je ne suis pas tenté !
Monsieur Drouot
“Rien ne sert de courir, il faut partir à point”, disait Jean de la Fontaine. Mais plutôt que partir sans réfléchir, je préfère réfléchir. Et donc, cette fois, je préfère rester sur place ! “Mieux vaut voter pour un soliveau inoffensif que pour une grue qui vous croquera”, dites-vous en plaisantant. Certes. Mais je ne vois pas de réponse, dans cette campagne, sur des sujets très concrets et essentiels de notre société restés en friche. Je vais radoter: la dépendance (notamment le problème des EPHAD: savez-vous qu’une place dans ce type d’établissement en Ile-de-France coûte 3000 euros ?), les institutions, le délabrement des services publics, la numérisation tous azimuts de la vie publique, la représentativité électorale etc, etc… Alors, pendant cette campagne, on me parle de “démocratie en temps réel”, d'”expérience de terrain” etc…… Aucune mesure concrète là-derrière ! Comme à chaque fois, on ressort le thème du chaos. Mais cette fois, ras-le-bol, je passe outre. Alors, j’en tire les conclusions et je vote blanc. Pour rappel: le vote blanc est un vote. Mais qui n’est pas comptabilisé !