Dernier budget de l’actuelle municipalité qui aura fait perdre du temps et de l’argent aux Fontenaisiens
Le Conseil municipal du 18 mars avait à son ordre du jour le dernier budget de l’actuelle municipalité. Il a été adopté sans surprise mais avec une majorité résiduelle limitée depuis l’éviction de 5 de ses élus conduits. Comme pour les orientations budgétaires en février, le « débat » à proprement parler a tourné court, le maire et sa majorité confondant débat et propagande, réponses et désinformations, voire même parfois mépris et insolences déplacées à l’égard de certains élus de l’opposition dénonçant qu’une élue serait atteinte d’une grave amnésie ou qu’un autre professionnellement concerné par l’immobilier. Les échanges techniques sur la gestion de la dette entre les adjoints aux finances actuel et passés n’ont pas permis non plus au courageux public très limité en nombre de vraiment s’intéresser à ce qu’il s’y disait.
Malgré tout, c’est un acte majeur que de voter le budget ou de s’y opposer. Je voudrais ici en relever l’essentiel de son contenu tout comme pour le compte administratif de l’année passée voté le même soir et qui permet de voir la différence entre les prévisions et ce qui est réellement réalisé. Chacun pourra vérifier ce qui suit puisque tous les chiffres cités sont issus des documents officiels.
Tout d’abord en 2018 et 2019, la Ville n’aura jamais autant dépensé en fonctionnement avec chaque année plus de 35 millions d’euros de dépenses réelles. Cette municipalité dépense ainsi 16 % de plus que les communes de même strate. Dans ce contexte de dépenses records, il faut souligner :
– les fortes diminutions de moyens au détriment de l’enfance (écoles, accueil de loisirs, animateurs, NAP, classes de découverte, musique à l’école…), de la petite enfance (fermeture de la plus grosse crèches municipales Fleurie de 60 berceaux) et de la jeunesse qui ne dispose plus par ailleurs ni de point jeunes ni de mission locale sur la commune,
– la stagnation en 2019 des subventions pour les associations ce qui ne permettra donc pas de rattraper les fortes diminutions décidées par cette municipalité en début de mandat.
Afin de financer ces dépenses records, cette municipalité a augmenté comme jamais les impôts locaux et ce depuis 2016 (+ 2,8 millions d’euros annuels d’augmentation) et de reconduire cette hausse record chaque année en 2017, 2018 et 2019 au détriment du pouvoir d’achat des Fontenaisiens. Même si on en soustrait la baisse des dotations de l’Etat qui est une réalité à laquelle toutes les communes ont été confrontées, c’est 2 millions d’euros annuels de trop payés par les Fontenaisiens pour couvrir les dépenses de cette municipalité, soit environ 1400 euros de trop pour une famille avec 2 enfants. Un Fontenaisien paye ainsi une taxe d’habitation aussi 1.8 fois plus importante que pour un habitant d’une commune de la même strate. Ainsi, la taxe foncière et la taxe d’habitation 2019 apporteront plus de 19 millions d’euros, 7 millions pour la taxe foncière et 12 millions pour la taxe d’habitation, du jamais vu à Fontenay !
Quant à l’investissement, comme vous l’avez certainement remarqué, le centre ville déborde de travaux, précipités, incohérents, souvent en gaspillages refaisant ce qui a été fait, parfois même dangereux, rarement indispensables… Il leur fallait rattraper leur retard car, en effet, l’investissement avait diminué sur le mandat actuel : 6,2 millions annuels en moyenne depuis 2014 alors que nous étions à plus de 6,7 millions annuels entre 2005 et 2013. C’est un comble pour des élus qui critiquaient le manque d’investissement quand ils étaient dans l’opposition ! Les élections approchant, ils se précipitent donc en faisant n’importe quoi et ces élus sans vergogne annoncent même des chiffres irréalisables comme 2018 : plus de 15 millions d’investissement pour n’en exécuter même pas la moitié (7.3 millions soit 46.5 % de ce qui est annoncé…). Pour cette municipalité finissante, il faut faire vite, beaucoup et n’importe comment, chacun peut s’en rendre compte…
Alors certes, ils vous diront que la dette a diminué en oubliant de vous dire que c’est grâce au chèque de plus de 9 millions d’euros que nous avions obtenu de longue et de haute lutte face à l’Etat pour compenser le manque à gagner par le CEA qui ne payait pas de taxe professionnelle. Ils ont préféré le consommer et augmenter les impôts alors que nous voulions, nous, l’utiliser en partie pour rendre cet argent aux Fontenaisiens en baissant les impôts et les tarifs ce que nous avions commencé.
Regardons surtout où se concentrent ces dépenses d’investissement 2019 qu’ils ont votées.
Les 2 principales sont en lien avec les projets des promoteurs immobiliers en centre ville :
– 1,7 million pour la Place de la Cavée refaite de nouveau et mal (trottoirs plus étroits et dangereux) auquel il faudra ajouter 0.8 million pour financer les parkings souterrains qu’on achète au promoteur COGEDIM que la municipalité a autorisé à démolir plusieurs maisons (la maison verte déjà démolie et à venir 3 autres maisons rue Blanchard),
– 1. 8 million pour la Place de Gaulle (coût total > 3 millions) avec certes un beau projet de parc La Boissière mais aussi le scandaleux gaspillage de casser ce qui avait été fait en 2012 notamment le parvis du château La Boissière pour satisfaire le promoteur VINCI que la municipalité autorise à construire un immeuble massif entre le marché et le château, l’abattage sans raison des marronniers de la place, l’expulsion des locataires d’une partie de l’immeuble Saint Prix…
D’autres dépenses interrogent :
– 1.2 million sur un coût total 6.6 millions pour la réfection du gymnase du parc qui vient pourtant d’être sécurisé et renforcé et seulement 1.9 million pour créer un gymnase au Panorama qui ne sera donc pas pérenne mais provisoire… N’aurait-il pas fallu faire le contraire ?
– 750.000 euros pour la réfection d’une salle de l’ancien conservatoire soit plus de 2400 euros/m² !
Et seulement 1.7 million pour les travaux de tous les autres bâtiments de la commune (écoles, centres de loisirs, crèches, centre de santé etc…) alors qu’il faudrait y prévoir un véritable plan d’isolation tant pour des raisons écologiques qu’économiques…
Je me suis donc permis de rappeler que Fontenay n’est pas une ville riche et que les Fontenaisiens payaient déjà beaucoup de taxe d’habitation ce qui est injuste, que l’équation budgétaire n’est pas facile pour quelque municipalité que ce soit. Et que donc pour cette raison et plus qu’ailleurs, il faut écouter ce que disent les habitants avant de décider toute dépense, éviter tout gaspillage d’argent public et maîtriser les dépenses ce qu’il n’ont pas su ou voulu faire et qu’il est facile, indécent et particulièrement injuste, d’avoir actionné comme jamais le levier fiscal pour financer leur dérive des dépenses. Enfin, chacun jugera de leurs choix en investissement et leur volonté de livrer la commune aux promoteurs immobiliers et notamment en centre-ville alors que tant reste à faire et de plus indispensable et d’utile notamment dans les autres quartiers. Cette municipalité aura fait perdre du temps et de l’argent aux Fontenaisiens. Espérons qu’ils ne pourront pas trop défigurer notre commune d’ici les prochaines élections et que les Fontenaisiens puissent de nouveau avoir leur mot à dire.
Pour ce faire, j’appelle toutes les Fontenaisiennes et tous les Fontenaisiens à nous rejoindre.
Pascal BUCHET
Maire honoraire de Fontenay-aux-Roses
1 RÉPONSE
Le budget est tout d’abord un document financier. Le Maire honoraire en fait une analyse technique très détaillée que je partage très largement.
Le budget est aussi et surtout le moyen de mettre en œuvre un projet politique au sens noble du terme.
L’absence de projet politique, au delà de la densification immobilière, est évidente au sein de la majorité actuelle.
Mais, la critique ne suffit pas. Il faut aussi défendre une vision alternative de la ville de demain.
Mon budget aurait permis de mettre en œuvre trois grandes priorités : promouvoir l’innovation sociale et écologique pour construire la ville de demain (Mobilités, rénovation du patrimoine, services publics modernisés, adaptation au changement climatique…), réduire les inégalités entre quartiers (non concentration des travaux sur le centre ville, projet de quartier pour Scarron et les Blagis dans un premier temps…), placer le citoyen au cœur du processus de décision publique (participation citoyenne, respect de l’opposition et présidence de la commission des finances confiée à un élu de l’opposition, association systématique des citoyens à l’élaboration et au suivi des grands projets…).
Gilles Mergy
Conseiller municipal d’Opposition