La démocratie peut-elle exister sans courage ?
Vaste question qui nous interroge, tous nous qui avons la chance de vivre dans une démocratie.
Mais qu’est-ce qu’une démocratie ? Étymologiquement la démocratie vient de démos, le peuple et cratie, le gouvernement. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple par le peuple. C’est donc une forme de gouvernement où chaque personne détient une parcelle de pouvoir.
Établir une démocratie est une forme de courage.
Car la démocratie s’appuie sur l’idée que chacun, chaque homme, chaque femme (en France depuis 1946 seulement ..) est reconnu comme capable de décider quel sera le meilleur gouvernement pour l’ensemble.
Ce qui suppose la reconnaissance pleine et entière de l’individu dans la totalité de sa puissance civique. Et implique de renoncer à l’idée que seul un individu, une élite, une caste serait plus à même de le faire.
« La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres. »
Vivre dans une démocratie c’est avoir le courage de s’exprimer.
Il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression quelle qu’en soit la forme : orale, écrite, multimodale : chacun doit avoir la possibilité de s’exprimer et corrélativement le courage de le faire.
Et ce droit s’étend jusqu’à la liberté d’argumenter, de convaincre.
La liberté d’expression personnelle ne va pas sans la liberté reconnue à l’autre de s’exprimer.
C’est l’envers de la médaille. Reconnaître à l’autre le droit voire le devoir de s’exprimer implique une forme de courage sur soi-même : ne pas empêcher, écouter, entendre, partager. Les fondamentaux du vivre-ensemble ne peuvent trouver leur plein épanouissement que dans un respect mutuel de l’homme au-delà de ses opinions.
Enfin la démocratie fonctionne souvent – mais pas forcément toujours – par l’intermédiaire de mandataires chargés de porter la volonté des « exprimants » (1) auprès des décisionnaires.
Là intervient une double manifestation du courage
– courage des électeurs qui font confiance à un individu pour porter leurs opinions, leurs souhaits
– courage des élus chargés de porter ces vœux – tout en tenant compte de la nécessaire cohésion du groupe social dont ils sont les représentants, y compris des partisans d’opinions différentes.
Point de démocratie sans courage aurait pu dire Montesquieu.
Point d’homme sans courage aurait pu dire Diogène le Cynique.
Geneviève Nicolas
Animatrice du café philo de Fontenay-aux-Roses
(1) néologisme fondé sur l’idée que le vote organisé n’est pas la seule manifestation des opinions politiques et que celles-ci peuvent s’exprimer dans de multiples occasions de la vie politique, notamment dans le cadre de la démocratie participative.
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