La faute de trop ?
Hier, quelques dizaines de minutes après la révélation des résultats du premier tour des élections législatives, le discours officiel d’Ensemble !, porté par Mme Grégoire, porte-parole du gouvernement, donc pas une lampiste, était : « En cas de second tour entre la NUPES et le RN, nous donnerons des consignes de vote au cas par cas ».
Au cours de la nuit, le discours a changé, et la même ministre a fini par affirmer « qu’aucune voix d’Ensemble ! ne devait se reporter vers le RN au second tour ».
Alors, hésitation ou erreur de lecture des « éléments de langage » ? Moi je dis Faute, et même Faute politique grave !
Car entre le RN et la NUPES, si l’on peut penser que les deux ruineraient la France en moins de deux ans, sur le plan de la démocratie il n’y a pas photo !
- On n’a jamais vu un mouvement d’extrême-droite accédant seul au pouvoir le rendre délibérément au peuple. D’ailleurs Mme Le Pen, si elle avait été élue Présidente de la République, avait prévu de détourner les procédures constitutionnelles pour confisquer le pouvoir à son profit.
- On peut éventuellement soupçonner LFI d’avoir les mêmes ambitions. Un vieux relent de dictature du prolétariat… Mais n’oublions pas que la NUPES est un conglomérat de circonstance, et j’ai peine à imaginer que tous les socialistes et verts élus en tant que NUPES se prêteraient à une telle opération. Ce serait assurément l’éclatement de cette coalition, qui redeviendrait minoritaire.
Alors oui, ne pas avoir appelé dès 20 heures hier soir à tout faire pour faire barrage à l’extrême-droite au second tour est une faute.
Une faute que ni Chirac, ni Sarkosy n’avaient commise.
Une faute qui entache le début du second quinquennat Macron, et qu’il faudra des gestes forts pour tenter d’effacer.
Michel Giraud
2 RÉPONSES
Oui, c’est une faute lourde de la part de la Macronie.
On peut y ajouter la Première Ministre elle-même qui, dans son discours dimanche soir, a mis sur le même plan “les extrêmes” en faisant référence au RN et à la Nupes.
Ou encore Amélie de Montchalin qui est allée sur la chaîne TV d’extrême-droite Cnews pour qualifier la Nupes “d’anarchistes d’extrême gauche soumis à des puissances étrangères”.
Ou encore l’appel de LREM au vote blanc dans le Pas-de-Calais, pour le 2ème tour entre Marine Le Pen (RN) et Marine Tondelier (EELV), élue d’opposition à Hénin-Beaumont depuis des années au prix d’intimidations et de menaces personnelles de la part de l’extrême-droite.
Il y a aussi Roxana Maracineanu, qui appelle au “front républicain” contre son adversaire de la Nupes Rachel Keke, connue pour avoir mené la grève des femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles.
Toutes ces prises de positions me semblent révéler chez LREM et la Macronie une perte de sens complet et un cynisme incroyable. Les mots ont un sens, mais eux ont perdu le sens de la mesure. Ils sont donc capables d’appeler les électeurs de gauche à leur secours à la présidentielle face à Marine Le Pen, pour ensuite les renvoyer au même niveau que l’extrême-droite aux législatives. Quelle honte ! Quelle insulte !
Monsieur Messier, ne mélangeons pas tout (j’ai failli faire un mauvais jeu de mot).
Je regrette que Ensemble ! n’ait pas eu une expression clairement anti RN au soir du premier tour des législatives, comme celles qu’avaient pu avoir Yannick Jadot (appel à voter Macron) ou Jean-Luc Mélenchon (un peu moins clair ; appel à ne donner aucune voix à Marine Le Pen) au soir du premier tour des présidentielles. En conséquence, je me désolidarise totalement de ceux qui, comme JM Blanquer, éliminés au premier tour, refusent de choisir entre un(e) candidat(e) RN et un(e) candidat(e) NUPES.
En revanche, quand un(e) candidat(e) Ensemble ! se retrouve au second tour contre un(e) candidat(e) NUPES, je lui laisse le choix de ses arguments. Il ne me semble pas que Ensemble ! ait le monopole des anathèmes. L’expression publique de certains dirigeants LFI ces dernières semaines ne plaide pas en la faveur de la NUPES…