31 mars 2025 | 05:05
Vous etes ici:  / Libre opinion / La halle aux comestibles, encore une histoire de « coque » qui tourne mal….

La halle aux comestibles, encore une histoire de « coque » qui tourne mal….

Le terme de “coque” est employé pour la 3ème fois dans les projets urbanistiques de Fontenay-aux-Roses. Le recours à cette procédure s’avère très contestable.

Rappelons ce qu’est une coque: il s’agit de confier à un promoteur immobilier les murs d’un équipement public destiné à être racheté par la commune. Les aménagements intérieurs sont ensuite à la charge du budget communal.
Sont à prendre en considération :

  • l’estimation du coût du rachat de la coque : les services des Domaines se chargent de cette estimation avec une fourchette de +/- 10%
  • la coordination entre promoteur et ville pour une adaptation fidèle aux besoins.

La première « coque » est celle relative à la reconstruction du gymnase des Potiers dans le cadre de l’opération Lombard/Potiers. Dans ce blog j’ai déjà exprimé mon étonnement sur le curieux montage financier du projet. Rappelons que le maire avait négocié avec le promoteur initial l’achat par celui-ci des terrains communaux (avec une moins value pour la ville de 730 000€) et le rachat à la hausse de la coque de ce gymnase (+ 100 000€), soit un avantage pour le promoteur de 830 000€.
La contestation engendrée par cette opération et sa complexité tant administrative que financière ont conduit le promoteur à se retirer, reportant l’aménagement du quartier, imposé par le maire sans concertation avec les utilisateurs.
Premier échec. Quelle en sera la suite ?

La seconde opération se situe aux Blagis. En effet, dans le cadre de la reconstruction de l’ensemble du quartier des Paradis, un permis de construire a été accordé au 23 rue des Paradis pour un immeuble de 88 logements sociaux, intégrant une crèche municipale de 55 berceaux en rez-de-chaussée.
Cette crèche devrait être livrée sous la forme de “coque”. Aucune information ne filtre quant à sa conception, pas même au niveau des élus majoritaires. Par ailleurs, quel sera le coût de rachat par la mairie ? Quel sera le coût des aménagements ? Le projet de budget 2025 n’est pas explicite. En aurons-nous la surprise en 2026 ?

Le troisième exemple se situe dans le cadre du réaménagement de la Halle aux comestibles, autrement dit le marché. Le permis de construire délivré initialement prévoyait un espace de restauration livré sous forme de coque, du côté de l’ avenue de Verdun. Contrairement aux 2 cas précédents, il ne s’agit pas d’un équipement public mais d’un investissement privé.
Le nouveau permis de construire déposé par le maire en décembre 2024 (la date précise n’y est pas mentionnée…), accordé par ce même maire le 18 février 2025, devait seulement avoir pour but la mise en conformité avec les observations des architectes des bâtiments de France (ABF). Mais surprise, il ne s’agit plus d’une coque pour installer un restaurant tel que prévu initialement mais bien d’un restaurant qui serait ouvert tous les jours.
Dans la motivation de « conserver la maîtrise de l’aménagement du futur restaurant » il est simplement indiqué que cela permet à la ville « de s’assurer de la pérennité de ses équipements ».
Le permis affiché à l’entrée du marché début mars 2025 ainsi que le plan ne correspondent pas au nouveau projet déposé en décembre et signé le 18 février 2025. Erreur ou volonté de cacher les réalités ?
A noter que, le maire s’est dispensé de saisir la commission communale des permis de construire au sujet de cette modification et s’est bien gardé de communiquer auprès des restaurateurs aux alentours.
Ce changement se traduit tout d’abord par un surcoût pour la ville de l’ordre de 500 000€. Ainsi, nous assistons à l’aggravation de la dérive financière de cette opération, évaluée initialement à moins de 2 millions d’euros, dépassant aujourd’hui les 4.5 millions d’euros.
Dans une période où les financements publics sont de plus en plus restreints est-il raisonnable de la part de la mairie de se lancer dans la construction et l’aménagement d’un nouveau restaurant. En effet, cette décision, d’une part, pénalise de nouveaux investissements en faveur de la vie sociale des Fontenaisiens, d’autre part, favorise une concurrence qui pourrait être considérée comme déloyale par les restaurateurs fontenaisiens dont la plupart éprouvent des difficultés.

Les caractéristiques du projet sont les suivantes :

  • une augmentation des surfaces des étals avec la création de 4 nouveaux espaces commerciaux (et possibilité de restauration rapide ?) en empiétant de 2.2m sur la rue La Boissière . Initialement, 4 échoppes étaient prévues mais refusées par les ABF.
  • un restaurant privé mais construit et aménagé aux frais de la commune, ouvert 7 jours sur 7 avec terrasse. Il comporterait: une cuisine, un bar, une salle de 38 couverts, une terrasse de 41 m² (ou 56 m² puisque les 2 surfaces figurent dans le PC accordé) avec pergola accueillant 38 couverts, ainsi qu’un premier étage de 26m² avec bureaux et WC (PMR mais avec escalier).
  • le permis accordé précise qu’une façade vitrée est prévue entre le restaurant et le marché.

Alors que les commerçants concernés directement par ce nouveau lieu de restauration, auquel pourraient s’ajouter 4 espaces commerciaux rue La Boissière, subissent notamment les contrecoups du COVID, cet investissement décidé par le maire, financé par nos impôts, mais de nature privée est-il judicieux? Manifestement non !

Que retenir de ces 3 exemples conduits d’une part sans concertation des utilisateurs et des Fontenaisiens, d’autre part sans études préalables des besoins réels ?
Dans les 2 premiers exemples on peut s’interroger sur le désengagement de la mairie en confiant la réalisation de coques pour des investissements publics. En effet, cela entraîne des difficultés de maîtrise lors de la construction mais aussi des négociations financières déséquilibrées lors de leur rachat.
Le 3ème exemple quant à lui démontre la navigation à vue de l’équipe municipale, sans réflexion préalable, sans se poser la question du pourquoi. Initialement, c’était pour palier des défauts de conception du marché, puis la modification de la réorganisation interne et enfin la réalisation d’un (plusieurs ?) espaces de restauration, d’abord sous forme de coque qui devait être aménagée par le preneur et, en définitive, un restaurant, bien que de caractère privé, construit et aménagé aux frais de la mairie.
Si le maire devait persister dans son erreur, fera-t-il un appel à candidatures pour la gestion de cet espace ? Poursuivra-t-il ses errements comme pour les constructions immobilières en confiant les investissements à un promoteur de son choix ?
Beaucoup de questions restent en suspens…

Jean-Yves Sommier
Conseiller municipal

LAISSER UN COMMENTAIRE

Votre email ne sera pas publié. Les champs obligatoires sont précisés ( obligatoire )