Politique publique de l’emploi : pour un changement de paradigme aux niveaux national et local
Les réflexions actuellement en cours sur un regroupement des missions locales et la suppression de certaines antennes locales dont celle de Fontenay-aux-Roses m’incitent à ces quelques réflexions.
La droite et la gauche se mobilisent depuis longtemps pour lutter contre le chômage de masse autour de deux axes principaux : l’allègement des charges sociales et le développement des emplois aidés. Les différents gouvernements, à l’exception du gouvernement de M. VALLS, se sont en revanche assez peu préoccupés de l’organisation territoriale du service public d’accompagnement vers l’emploi.
Au niveau national
La baisse ciblée des charges sociales peut avoir du sens mais elle a l’inconvénient de générer des effets d’aubaine : les entreprises soumises à la concurrence internationale en bénéficient au même titre qu’un supermarché ou une clinique privée. En outre, l’enjeu pour un pays comme la France est surtout d’accompagner ses entreprises pour qu’elles innovent et montent en gamme plutôt que d’essayer de faire concurrence aux pays émergents sur les coûts de production.
Le développement des emplois aidés peut permettre à des jeunes d’entrer sur le marché du travail plus facilement mais toutes les études le montrent, ils sont ensuite souvent stigmatisés par les entreprises privées qui ne veulent pas les recruter car elles considèrent qu’ils n’ont pas été embauchés sur leurs mérites propres.
Les deux politiques les plus prometteuses au niveau national sont le développement de l’apprentissage qui est la voie d’accès la plus efficace à un emploi durable, et une politique de formation et d’orientation tout au long de la vie pour permettre aux demandeurs d’emploi de pouvoir se reconvertir plus facilement tout au long de leur carrière.
Au niveau territorial et local
Le service public d’accompagnement vers l’emploi est totalement émietté : pôle emploi, maison de l’emploi, Cap Emploi, PLIE, missions locales…
Une multitude d’acteurs, organisé théoriquement sous forme de réseau, mais qui en pratique ne rend de compte à personne car ils sont financés par l’Etat, les Régions, les départements, les intercommunalités et les communes. Il n’y a donc aujourd’hui aucun pilote identifié du service public d’accompagnement vers l’emploi sur le territoire. Les Régions peuvent se voir confier ce rôle de pilote (hors Pôle Emploi) depuis la loi NOTRe(sous forme de délégation de compétences de l’Etat) mais l’administration centrale freine des quatre fers dans un bon exemple de corporatisme administratif.
Ces acteurs disposent certes d’implantation de proximité mais, trop souvent, n’ont pas l’expertise pour accompagner les jeunes et les moins jeunes. Pour accompagner des demandeurs d’emploi dans leur recherche d’emploi, pour leur trouver les formations pertinentes dont ils ont besoin, l’enjeu principal n’est pas d’avoir des structures dans toutes les communes (ce ne sont pas des crèches ou des écoles) avec des animateurs, sans doute plein de bonne volonté, mais qui n’ont jamais travaillé dans une entreprise ou une PME et qui ne connaissent rien au marché de la formation professionnelle.
L’enjeu est d’avoir des pôles regroupés dans lesquels il y a une véritable expertise notamment en matière d’ingénierie de la formation et en matière de connaissance du besoin de recrutement des chefs d’entreprises. Pour le coup, il y a une réelle valeur ajoutée.
Il faut en matière de politique publique de l’emploi changer de braquet. Il ne s’agit surtout pas de se contenter de maintenir l’organisation territoriale actuelle. Cela conduirait à une impasse politique majeure et à un gâchis d’argent public.
Il faut en revanche penser le service public d’accompagnement vers l’emploi de demain. Voilà pour le coup un beau défi pour l’ensemble des décideurs publics en dehors de toute approche politicienne ou partisane.
Gilles Mergy
Conseiller municipal
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