Toitures végétalisées : avantages et inconvénients
La municipalité vient d’introduire dans le futur règlement du PLU (Plan Local d’Urbanisme) un pourcentage significatif (20% à 30%) d’espaces verts dits « complémentaires ». Ce ne sont en fait que des espaces verts d’appoint, installés sur dalle de béton, totalement imperméables et faisant partie intégrante de la construction. Ce sont des espaces verts artificiels (jardins suspendus, toitures végétalisées, bacs à fleurs. . .) qui ne peuvent rivaliser avec les espaces verts de pleine terre.
Politiquement parlant, il s’agit pour la nouvelle municipalité de droite de remplacer les « vrais » espaces verts qui vont disparaitre suite au passage du POS (Plan d’Occupation des Sols) en PLU par ces espaces verts artificiels de manière à ce que la quantité totale d’espaces verts apparaisse stable et d’afficher ainsi une pseudo volonté écologique.
Cette proposition apparaitrait louable si elle venait en complément des espaces verts existants. Dans le cas présent, elle vient en substitution de ceux-ci ce qui est inacceptable.
On ne peut arriver à 30% de la superficie d’un terrain en espaces verts artificiels que si on réalise un traitement végétal des toits.
Les avantages d’une toiture végétalisée sont surtout globaux et participent à l’effort de chacun pour lutter contre les pollutions en général. En effet, les végétaux filtrent les poussières et contribuent à rendre l’air de nos villes plus respirable. Ils captent aussi le dioxyde de carbone par photosynthèse et participent ainsi à la lutte contre les gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. La végétalisation du toit va réduire le ruissellement des eaux et apporte une certaine biodiversité quoique assez limitée. L’apport de verdure en esthétique urbaine est aussi très appréciée des habitants et rend la ville plus douce à vivre. L’avantage très concret pour la personne vivant sous un toit végétalisé est surtout la meilleure isolation de son logement. Il fait plus chaud l’hiver et plus frais l’été dans la maison. Enfin dans le cas de culture sur terrasse, la consommation des légumes de son jardin est bien agréable.
Les inconvénients à ces installations sont nombreux et parfois même rédhibitoires. Certains sont liés à la construction elle-même. Le toit doit être assez solide pour supporter le surpoids et surtout être étanche pour éviter les infiltrations. La pente de la toiture doit aussi être faible. Il est conseillé d’aménager un accès au toit pour entretien ou réparation. Selon le type de toiture végétalisée, un système d’arrosage adapté est à prévoir lors des périodes de sécheresse. Ces toitures végétales posent souvent problème en rendant la pose de panneaux photovoltaïques ou solaires thermiques difficile voire impossible, ce qui peut s’avérer contreproductif écologiquement parlant. Enfin le prix peut être un obstacle insurmontable pour le propriétaire car il faut multiplier la somme par cinq, sans compter l’entretien.
En conclusion, cette disposition réglementaire de 20% à 30% d’espaces verts artificiels va devenir obligatoire pour tout permis de construire et sera très contraignante pour le propriétaire. Cette mesure sera souvent difficilement applicable pour des raisons techniques et se résumera à l’accrochage de grands bacs à fleurs ou la réalisation de murs vaguement végétalisés tout autour de la propriété. Les propriétaires qui feront cela de mauvaise grâce afin de rendre leur construction réglementaire laisseront dépérir la végétation une fois le permis accordé.
Restreindre la pleine terre et rendre obligatoire la réalisation d’espaces verts artificiels, c’est la proposition anti-écologique et inapplicable de la majorité de droite actuelle.
Garder le maximum de pleine terre et inciter à la réalisation de toitures végétalisées est une proposition écologique et réaliste.
Jean-Jacques Fredouille, élu écologiste
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